Lire est une chose plaisante pour la plupart, une affaire sérieuse pour certains et un acte dangereux pour d'autres. C'est sur ce troisième constat que j'aimerais m'attarder.
Lorsque j'ai eu l'immense privilège de réaliser un stage aux Archives Départementales de l'Allier, très récemment, j'ai été amenée à me pencher sur plusieurs témoignages de combattants, soldats, citoyens et prisonniers durant la Première et la Seconde Guerre Mondiale. Et forcément, cela m'a donné envie de (re)lire des romans sur ces périodes, notamment "La bibliothèque des livres brûlés", de Brianna Labuskes (qui fera d'ailleurs l'objet du prochain épisode du podcast "Les livres sont nos guides").
Dans ce roman extrêmement bien documenté, l'autrice met en avant la mission capitale du Conseil des livres en temps de guerre et revient aussi sur les autodafés des livres, tristes événements qui ont eu lieu en 1933 en Allemagne. De quoi s'agit-il ? Des livres jugés "anti-allemands" (et donc potentiellement "dangereux") sont jetés au feu par des étudiants.
Pourquoi brûler des livres ? Parce qu'ils sont des trésors de sagesse, parce qu'ils font prendre conscience, parce qu'ils font évoluer les mentalités, parce qu'ils mettent en garde, informent, dénoncent et font réfléchir... C'est dangereux pour ceux et celles qui veulent museler, faire régresser, déformer la vérité, anéantir ceux qui sont différents, qui n'ont pas les mêmes opinions et qui pensent autrement. Alors, réduire en cendre les mots, les idées et les changements susceptibles de les mettre en péril, c'est la seule chose puissante et symbolique que les étudiants allemands ont choisi de faire à ce moment-là. Ne plus garder de traces de ces objets beaucoup trop utiles, ces outils de savoir et de connaissance immenses...
L'auteure en profite pour citer le poète Heinrich Heine :"Là où on brûle des livres, on finit par brûler aussi des hommes."
Tout cela me fait penser au fameux "bucher des vanités" de 1497 lorsque un moine italien avait demandé, le jour du Mardi Gras, de faire brûler des objets qui, selon lui, incitaient au péché : miroirs, vêtements de luxe, instruments de musique, cosmétiques, bijoux, oeuvres d'art, mais aussi... des livres jugés immoraux. Ces bûchers n'étaient malheureusement pas rares...
Voilà pourquoi il ne faut jamais sous-estimer le pouvoir de la lecture et garder en mémoire que de nombreux livres ont été écrits pour témoigner des faits et des vérités et ont participé à la liberté quelle qu'elle soit. Tant d'auteurs ont été persécutés, exilés, exécutés, pour avoir exprimé des idées ou exposé des faits. Brûler des livres n'est ni anodin, ni acceptable.
Aujourd'hui, je repense à l'excellent roman de Ray Bradbury : Fahrenheit 451 que j'ai très envie de relire...
Ne jamais oublier que la connaissance est la clé de la liberté et mène toujours à la paix.
Bon début de semaine et à vendredi pour un nouvel épisode du Podcast de SI :-)
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